Que ces lignes vous trouvent en pleine santé…
Confiné au silence depuis le mois de mars, j’ai eu tout le loisir de penser à cet “après” dont tout le monde parle, et qui n’a pas encore de forme. Serons-nous changés par ces temps d’exil forcé? Je pense à ceux qui ont été frappés, de près ou de loin, par le virus, et je réalise qu’au nom de ces gens-là, il serait triste de reprendre le chemin de l’avant.
Il y a quelques jours, mon petit garçon de 3 ans m’a dit : “il y a des problèmes, et il y a de beaux problèmes.” J’ignore ce qu’il voulait dire par là (et lui aussi peut-être), mais j’en ai tiré cette réflexion: si les problèmes qui nous frappent sont laids, nous pouvons créer de la beauté dans notre façon d’y faire face.
Je suis un artiste, et ma façon de faire face ne peut être qu’artistique. Depuis presque deux ans, j’anime une émission de radio à l’hôpital Necker. Quasiment toutes les semaines, je pousse la porte de l’espace Plein-Ciel (l’Espace d’Animation et de Culture de l’hôpital), et dans un studio créé il y a 20 ans par des adolescents hospitalisés, je parle de musique, de littérature ou de théâtre, parfois en compagnie d’un(e) invité(e). Nous jouons de la musique, nous lisons des textes… Ces émissions sont retransmises dans toutes les chambres. Il n’y a rien là que de simple : donner aux enfants un moment d’évasion, de rêverie, de divertissement, afin de déjouer leur mal. Parmi les artistes ayant déjà donné de leur temps, il y a François Rollin, Orestis Kalampalikis, Sylvie Hue, Morgane Dupuy, mon frère Renan.
J’ai compris que cette émission pouvait être le point de ralliement d’une action plus large, et donner une impulsion à la seule mission valable à mes yeux: faire un peu de bien autour de soi de temps en temps, à portée de bras, à portée de cœur.
Celui qui souffle est né. Il fallait un navire, une association en tiendra lieu. Son nom fait référence à Cyrano : “Ma vie, ce fut d’être celui qui souffle, et qu’on oublie.” Car la joie ne se trouve pas dans la signature, mais dans la certitude que ce que l’on fait est utile. L’objet de cette association parle de lui-même: “l’accompagnement des personnes hospitalisées, particulièrement des enfants, par le biais de la création artistique, afin d’enrichir leur quotidien, alléger leur douleur, amoindrir leur sentiment d’isolement, et leur procurer des moments d’évasion, de rêverie, de bien-être, d’insouciance, d’espoir, d’enthousiasme, de divertissement. L’association a aussi pour objectif d’apporter un soutien aux équipes soignantes, dans un effort de sensibilisation aux conditions de travail et de séjour en milieu hospitalier.”
Artistes, rassemblons-nous. Faisons entrer la création artistique à l’hôpital. N’oublions pas que ce confinement que nous avons vécu chez-nous depuis le mois de mars, certains le vivent pour des périodes plus longues, parfois dans la limite d’un mètre carré de matelas dont nulle dérogation écrite ne peut les affranchir. Mon souhait, dans un premier temps, est de construire une communauté unie dans le désir de donner à notre art une autre résonance, et de le mettre au service de ceux qui souffrent. Nous utiliserons notre créativité pour proposer des moyens innovants de partager nos passions.
Les outils de rigueur sont en place: ce site, et une présence sur les réseaux sociaux (facebook.celuiquisouffle.com – twitter.celuiquisouffle.com – instagram.celuiquisouffle.com). Les émissions seront filmées et postées sur notre chaîne YouTube (youtube.celuiquisouffle.com).
Concrètement… Si vous le voulez bien, prenez quelques minutes pour parcourir le site, et prendre connaissance en détail de ce projet. Puis partagez-le sans compter. Suivez-nous sur les réseaux, afin que nous puissions échanger facilement, et élaborer des projets ensemble.
Prenez-soin de vous,
Damien Luce